Le
vampirisme sous la loupe de la Science
Critique du jeu Vampyr
Tout d’abord, il est à mentionner que je parlerais du jeu sous sa version sur PC. J’y ai passé une quarantaine d’heures fort agréables. Plongé dans un univers gothique, Vampyr est développé par le studio français Don't Nod Entertainment, la compagnie derrière le fameux Life is Strange, et édité par Focus Home Interactive. Le jeu de type action-RPG est sorti en 2018 sur PC, Xbox One et Playstation 4.
Vous incarnez le Docteur Jonathan Reid, éminent chirurgien et hématologue, revenu de France où il était médecin dans la Grande Guerre. De retour à Londres, il est attaqué et se réveille ensuite dans un charnier rempli de malades décédés de la grippe espagnole. Étant terrifié et désorienté, Jonathan s’extirpe de la tombe à ciel ouvert. Une soif grandissante le consume et lui faire boire le sang au cou de la première âme qu’il croise, sa sœur Mary qui le cherchait dans tout Londres depuis plusieurs jours. Comprenant à peine ce qu’il vient de commettre que des hommes intimidants cherchent à le tuer, il prend la fuite.
Par le hasard des choses, notre protagoniste tombe sur le Dr. Edgar Swansea, membre d’un ordre secret étudiant les vampires. Celui-ci lui propose donc de rejoindre le Pembroke Hospital où il pourra sauver des patients de l’épidémie qui fait toujours rage et rechercher un remède à son vampirisme. Le Dr. Reid accepte tout en voulant aussi connaitre l’identité de son créateur, qu’il considère responsable de la mort de sa sœur.
Les membres de l’équipe de Vampyr nous aspirent réellement dans leur univers grâce à leur récit et au design qui respecte les conventions instaurées par Bram Stoker dans Dracula où les buveurs de sang ne peuvent entrer dans une habitation sans y être invités une première fois (avec la compétence de charme) ou traverser une rivière (uniquement possible avec les ponts et les barques). L’immersion est amplifiée par la musique qui rappelle Londres du début du XXe siècle et qui transmet une oppression constante ainsi que la soif de sang de Jonathan tout en restant sobre.
En parlant du protagoniste, il est essentiel de pointer le talent du doubleur anglais du Dr. Reid, Anthony Howell. Son intonation, plus particulièrement sa façon de cracher les mots pour montrer le ressentiment du personnage, sonne dramatique, preuve de sa carrière au théâtre. Également, son simple timbre de voix grave m’a suffi pour croire son interprétation du protagoniste de Vampyr.
Par la suite, tous les citoyens de Londres sont amenés, par le gameplay, à être bien connus par le joueur·euse puisqu’une partie du système de jeu nous force à nous promener dans les quatre quartiers pour connaitre réellement les gens et ainsi maximiser l’expérience retirée, si on s’abreuve de leur sang. De plus, le fait qu’ils vont tomber malades et que leur mort a des conséquences sur tout le district nous donnent une autre raison de leur accorder de l’importance, même si certains sont plus abjects dans leurs agissements que divers ennemis que vous rencontrez.
Le jeu a aussi, malheureusement, quelques défauts. Les écrans de chargements sont longs et ils arrivent parfois de manière inopinée au moment de parler avec un PNJ.
Concernant le système de combat, il est à noter que la caméra devient également, par moments, un adversaire étant donné qu’elle empêche de correctement esquiver. En effet, le champ de vison se braque sur un ennemi et, lorsqu’on se précipite vers l’arrière, on reçoit un coup d’un second ennemi. Également, il est arrivé quelques fois, durant la partie, qu’un monstre se bloque dans un mur, ce qui le rend, inévitablement, plus facile à neutraliser.
Enfin, de mon point de vue, il est extrêmement frustrant de manquer un indice sur un habitant de Londres et, ainsi, ne pas connaitre une partie de son passé.
Ensuite, le jeu nous pousse à développer notre propre éthique vis-à-vis de la vie des PNJ en pesant le pour ou le contre pour boire leur sang. Choisir le second rapporte à Jonathan beaucoup d'expérience et encore plus si on possède tous les indices du background de l'individu. En soi, l'idée est extrêmement intéressante pour installer de l'empathie envers les habitants et nouer narration et gameplay.
Cependant, mon opinion est que le joueur·euse est trop pénaliser à refuser de tuer au moins quelques personnages puisqu’autrement il faut s’arrêter dans l’histoire pour vaincre des ennemis en boucle le temps d’avoir suffisamment de niveaux pour reprendre là où on en était.
Ainsi, jouer de manière pacifique n’est pas réellement rentable, car le joueur·euse sacrifie (avec des gains futurs ou des pertes immédiates) de l’expérience.
Cependant, si vous croyez que ces points moins élogieux font de Vampyr un mauvais jeu, il y a erreur. Tous les points nommés sont, selon moi, plus des inconvénients et des points qui auraient pu être améliorés plutôt que des échecs des développeur·euse·s. Après tout, aucun de ces points négatifs n’a diminué mon envie d’achever le jeu tant j’étais attiré·e par la quête de Jonathan Reid de venger sa sœur et de trouver son créateur, le vampire responsable de sa mort… et de sa résurrection.